Lulu est une des toutes premières lectrices de Real TV dont elle a fait une chronique sur son blog. Elle est par ailleurs membre du jury du Premier Prix du Livre Numérique, présidé par Bernard Werber. C'est avec grand plaisir que Hieronymus a répondu à ses questions, qu'elle accepte de partager avec nous.

 

Bonjour Hieronymus Donnovan. Enchantée de cette incursion dans ce blog.

Alors pour commencer, une ptite question toute simple – ça se corsera ensuite – : pourquoi ce pseudo?


C’est un pseudo qui est venu quand j’ai découvert Internet et notamment les forums, ce qui remonte maintenant à une dizaine d’années (punaise, déjà !).
A la base, j’ai choisi Hieronymus car j’ai pris beaucoup de plaisir à lire les romans de Michael Connelly et plus particulièrement le personnage principal d’une grande partie de ses romans : Harry Bosch (Hieronymus Bosch de son état civil) Harry Bosch est le type même de personnages « à la John Mc Clane » pour lesquels j’ai beaucoup d’affection.
Ce nom de personnage est lui même une référence au peintre  Néerlandais. Je dois reconnaître que ses peintures illustrent quelque peu certaines images incrustées dans mon esprit (ne vous sauvez pas, c’est la première question…). Donovan, c’est beaucoup plus simple. C’est le surnom que me donna un ami animateur, alors que moi-même animateur, je filmais et réalisais des montages pour les centres de loisirs. C’est en fait le nom de famille du caméraman-héros dans la série V.

 

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J’ai ajouté un N parce qu’à une époque, on me demandait si c’était en rapport avec le footballeur de l’équipe des USA.
Et au final, pourquoi un pseudo d’auteur et pas mon nom ? C’est une tradition du roman de genre.
Enfin, je tiens à dire que je tenais particulièrement à commencer  cet entretien par une réponse courte. :)

 

 

Ça  démarre sur les chapeaux d’roues, chouette! On fait comme dans la vraie vie, on se tutoie alors?


Oui, je préfère, ça me ressemble plus. On vit dans le même monde. Quand j’aurai vendu des millions de livres, je dis pas, mais en attendant….;)

 

 

Je vais en faire hurler plus d’uns (sûrement plus d’unes aussi) mais « John Mac Lane » ce n’est pas très parlant pour moi. Tu peux préciser? Et pour Harry Bosch?


C’est le genre de personnage, qui au début du livre/film (Die Hard) commence normalement sa journée et se retrouve dans des situations de folie, n’a plus le temps de penser à autre chose que son enquête, sait qu’il ne remettra sans doute plus son costard arraché et taché de sang et qui finit par ne plus trop prendre le temps de discuter avec les méchants! A la fin du livre ou du film, on se demande comment il a pu survivre à tout ce qu’il vient de vivre.

 

 

On inscrit ces personnages dans le genre « hard boiled ».
Dans le même esprit, je ne peux pas ne pas mentionner « Mongo le magnifique », le héros des romans de Georges C. Chesbro qui est un nain détective privé qui finit par sauver le monde alors qu’il ne s’était pas du tout destiné à ça.

 

 

Récapitulons, le peintre Jérôme Bosch est obsédé par les tourments du péché, Harry Bosch est un mec ordinaire qui vit des événements extraordinaires et Donnovan, un journaliste prêt à donner sa vie pour la Vérité, où se situe Hieronymus Donnovan là-dedans, où se cache Laurent Blanquin?


Laurent Blanquin est caché dans le sous-sol de ma maison, mais chut, il ne le vit pas trop mal et il a la clef (et le Wifi). Il n’aime pas qu’on parle de lui. :)
Hieronymus, c’est juste un gars qui aime confronter des personnages (sans doute inspirés de lui-même mais aussi de son entourage) à des choses parfois simples, parfois extra-ordinaires et qui les feront évoluer et pas forcément dans le bon sens. Je me rend compte, en écrivant ça, que le terme évolution à beaucoup de sens pour moi (Ah, Laurent B. me souffle que pour lui aussi) dans la vraie vie (à quoi sert-il de vivre si on ne construit rien durant cette vie?) comme dans mes histoires, il doit toujours y avoir un fond. C’est même une règle.

 

 

Quelle magnifique transition pour la prochaine question: De fait, on ne peut pas lire Real TV sans imaginer que se cache un message -une « morale »?- derrière l’histoire fantastique de Rémi et Arnaud?


Il y en a plusieurs, selon ce que vivent les différents personnages. Je ne peux pas trop en dire sans révéler l’histoire.
Disons qu’il y a une réflexion sur les adultes d’aujourd’hui notamment à travers la personnalité de Rémi, déjà très forte (voir inquiétante) pour un ado. Le thème de la télé-réalité revient lui aussi souvent (le titre est une double référence, la seconde est compréhensible une fois le roman lu). J’exprime ma vision de ce phénomène plusieurs fois, selon le personnage prenant la parole. Real TV, c’est aussi, en quelque sorte, ma vision du rêve américain tel qu’on l’imaginait dans les années 90. Comme je le dis, le lecteur fait lui même la morale.
Ce qui est intéressant, c’est que parmi les retours, pas mal de gens m’en veulent par rapport à ce que je fais vivre aux protagonistes de mon roman.

 

 

Parlons un peu écriture… Comment procèdes-tu?
A la Kerouac, une écriture d’une seule traite, sans relecture?
Comme Stephenie Meyer, réveillé un beau matin avec le roman prêt à être écrit, rêvé la nuit?
Avec cinquante manuscrits dormants dans le tiroir comme Amélie Nothomb, prêt à déferler à chaque rentrée littéraire?
Ou peut-être comme Bret Easton Ellis qui n’écrit que lorsque l’envie devient irrépressible?


J’ai pas la chance d’écrire à plein temps comme ces illustres personnages.
J’ai surtout du temps le matin. Je m’y suis adapté, ça tombe bien car c’est un moment où j’ai le plus d’idées où les mots viennent plus facilement. Je me lève donc sur les coups de 5h et je bosse jusque 7h. A d’autres moments de la journée, j’en profite plutôt pour me relire. J’écris relativement lentement. Ce n’est peut être pas visible, mais je passe minimum une semaine par chapitre car je fais beaucoup de retouches à partir du premier jet.
J’ai pas mal d’histoires en stock, certaines sont dans ma tête depuis plus de quinze ans et continuent tranquillement à se développer. En fait, tout au long de la journée, j’y pense. Je peux passer d’une histoire à l’autre, penser à telle situation, à tel personnage. Quand une histoire est bien construite dans son ensemble (c’est à dire avec un début, un milieu et une fin valable) et que je me sens capable de l’écrire (eh oui, je pense que certains de mes romans seront écrits d’ici dix ans car je suis trop mauvais pour le moment) je me lance. Souvent, d’autres idées surviennent.
Pendant un temps, je me suis mis à noter toutes mes idées. Je ne le fais plus, les idées qui doivent rester, restent, les autres se perdent, tant pis. Je me prenais trop à la tête à faire le tri et je me perdais.

 

 

Quelles sont tes influences littéraires (réponses exhaustives: description de leur univers et pourquoi t-ont-ils influencé?)?


Hum, difficile… J’ai la chance d’avoir eu rapidement des livres entre les mains, mes parents m’avaient abonné à un genre de France Loisirs, je recevais un livre tous les mois. Mon premier grand souvenir de lecture est un roman de Bruce Coville « Mon prof est un extraterrestre » et je pense que la folie de cet auteur reste encore très présente en moi. Je me souviens avoir adoré les livres de Jules Verne, j’aime beaucoup cette époque ou tout était à découvrir, où certaines parties du monde restaient inconnues. De Verne, je garde le goût de l’aventure. J’ai aussi beaucoup aimé «Sa majesté des mouches » de William Golding et « La ferme des animaux » d’Orwell à l’époque du collège.
Des livres qui m’ont fait pas mal réfléchir, j’avais pas l’habitude à l’époque. Si j’ai découvert ces deux romans grâce à l’école, je dois reconnaître que la plupart des romans que l’on m’a imposée m’ont éloigné des livres pendant un temps.
Mais c’est surtout mes lectures d’adolescents qui restent mes références. Notamment la découverte de Bret Easton Ellis en commençant par « American Psycho ». Une autre facette de la littérature, tellement violent, tellement bien écrit (J’ai quand même mis six mois à le lire !). J’avais acheté ce roman car il parlait d’un serial killer, c’était très à la mode à l’époque et beaucoup de magazines le conseillaient. C’était une révélation. J’ai enchaîné avec ses premiers livres avec lesquels j’ai compris que l’important est de développer son propre style quitte à être détesté.
J’ai aussi beaucoup lu King, que j’ai découvert avec « La ligne verte », un roman feuilleton. Marrant, car à la base Real TV est un roman feuilleton sur le net. Je n’avais pas fait le rapport sur le coup.
Je dois aussi parler de Charles Bukowski, je dois reconnaître que j’ai ressenti un mélange de dégoût et de curiosité en le lisant. J’en retiens le ton et les dialogues. La lose attitude aussi !

 

 

Quelles sont tes influences culturelles?


Je pense que ma référence majeure reste le cinéma. J’ai dévoré tellement de films, Ricains bien sûr. J’aime surtout le cinéma des années 80/90 où l’on pouvait à la fois faire du spectaculaire sans être débilisant.
On me dit que Real TV ferait une bonne série à cause des nombreux retournements de situations, mais pour moi, c’est plutôt comme ces films qui ne durait qu’une heure trente où en prenait plein la face tout en se marrant et en sortant du cinéma avec plein de répliques et de scènes à rejouer avec les potes.

La musique a elle aussi beaucoup de place dans ce que je fais. Le rythme des morceaux que j’écoute quand j’écris peut avoir beaucoup de conséquences sur celui du chapitre sur lequel je bosse. Ce que pensent les personnages aussi. Les textes sont eux aussi importants. Chaque texte des morceaux de la playlist de Real TV a un rapport direct avec le roman.

 


Lis-tu? Quoi? Qui?


Je lis environ un livre par semaine, ce n’est pas beaucoup. Aussi quelques comics et mangas. Après l’écriture de Real TV, j’ai découvert deux auteurs dont l’un est devenu très important pour moi. Ce qui est très intéressant, c’est que je me suis mis à lire ces auteurs suite aux retours de lecteurs de Real TV trouvant mon univers proche. Ces auteurs sont Jack Ketchum et Joe R. Lansdale. J’aime beaucoup et j’ai beaucoup appris de ces mecs. Je dois dire aussi que j’ai beaucoup de passion pour l’univers de Joe R. Lansdale, lire un de ses bouquins c’est le paradis!

 


En lisant ta bio, je vois que tu as commencé par écrire des scénarios avant de passer aux romans, comment passe-t-on de l’un à l’autre?


Comment expliquer ça sans donner l’impression de parler à un psy… En fait, j’ai jamais été très bon en français, en orthographe. Je m’en prenais plein la gueule par les profs de français (qui n’étaient, par ailleurs, pas très doués en psychologie de l’enfant). J’en profite d’ailleurs pour remercier Mme Bacle, ma prof de français en seconde qui a fait tout le contraire. Bref, je pense qu’intérieurement, je me disais que c’était impossible pour moi d’écrire un roman. C’était une pensée absurde que de me dire que je pouvais être écrivain.
Mais ça ne change pas le fait que j’avais des histoires à raconter et que j’étais un fou de cinéma. Ecrire des scénarios m’a semblé la chose la plus logique à faire ! Et puis, j’ai eu la chance de pouvoir réaliser un court métrage avec du vrai matos, des pros… et ce fut un désastre. Pas possible de mettre en image ce que j’avais écrit. J’étais sans doute pas suffisamment préparé, mais aussi mal accompagné. Bref, j’ai surtout ressenti une grand frustration devant les limites du cinéma. Je ne dis pas que je n’aimerai plus en faire, je pars avec une autre vision. Mais pendant la préparation de ce tournage, j’ai surtout eu des retours des lecteurs me disant que mon scénario avait un côté « roman » dans le sens où il laissait un certain suspens, ne donner pas toutes les indications… Alors, je me suis dit pourquoi pas ! (bon, ça a pris cinq ans !!!)

 

 

Quelles sont tes obsessions d’écrivains?


Euh, bah c’est à dire que… j’en sais trop rien en fait. Je suppose que certains thèmes reviendront dans mes autres bouquins. Je pense notamment à l’importance des expériences vécues pendant l’adolescence. Le rapport parents/enfants. Si dans Real TV, c’est le rapport vu par l’enfant. Je pense que dans l’avenir (et dans un futur roman très proche) il s’agira aussi du point de vue d’un parent, vu que je suis maintenant papa.
J’aime aussi le côté référence. Pas pour être à la mode, mais simplement pour souligner l’importance de la (sous) culture dans ma vie. Elle m’a construit.
Ah, je pense aussi que quitte à saouler, il y aura toujours du groupe  Nirvana dans mes écrits, c’est le groupe le plus important de ma vie et c’est impossible de faire sans en parler un minimum. Une sorte de lien.

 

 

Que représente pour toi l’écriture?


Un plaisir et un besoin. C’est bidon, mais c’est comme ça. J’adore inventer des histoires, créer des liens entre des personnages, développer des univers et des personnages.

 

 

Merci à toi Hieronymus pour ta sincérité! A bientôt avec ton prochain livre (tu peux d’ailleurs nous en dire quelques mots!)


Je bosse sur deux livres : Une histoire d’ados qui se situe dans les années 80 aux USA, mais ça me demande pas mal de recherches. L’autre roman est une histoire fantastique, à notre époque, autour de deux adultes complètements perdus.  C’est surtout deux romans que j’écris en m’adaptant complètement au format numérique. Même si celui-ci se cherche encore: les romans ne sont pas trop longs, tout comme les chapitres. Je donnerai bientôt plus d’informations sur le site.
Merci à toi Lucie, pour tes questions comme pour ton soutien depuis le départ de cette aventure.

 

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